C’est quoi au juste, L’éthique?

Plusieurs définitions existent pour ce mot pourtant connu instinctivement de tous. Explorons-les ensemble. 

Une approche philosophique (vous aurez peut-être en tête Socrate, Aristote ou même Kant) dira que l'éthique est l’étude du bien et du mal. L'éthique consisterait donc, par exemple, à identifier/distinguer les bonnes et les mauvaises décisions et actions qu'une personne ou une organisation pourrait prendre.

Cette définition peut convenir, mais est à mon avis un peu réductrice. C’est une manière très idéaliste de voir la vie, puisque le monde n’est pas que noir ou blanc. 

Qu'arrive-t-il lorsqu'une décision est complexe à prendre ou qu’une action n'est ni 100% indiquée ni 100% contreindiquée? Que faire lorsqu’on se trouve dans une zone de gris sans distinction claire entre ce qui est bien et ce qui est mal? 

En tant que consultante en éthique, c'est cette dimension qui m'intéresse. C'est aussi celle qui devrait vous intéresser, puisque sinon, les solutions vous sembleraient, somme toute, toujours assez simples et vous ne seriez pas en train de lire mes mots aujourd’hui parce que j’aurais fait d’autres choix de carrière!

L'éthique, donc, est des plus intéressantes parce que nous considérons toutes les nuances de gris. Bien pour qui, mal pour qui? Bien pour quoi, mal pour quoi? Quels sont les options d'actions et leurs conséquences probables? Quelles sont les valeurs à prioriser, personnellement et professionnellement? Sont-elles différentes de celles de mes pairs?

Comment faire pour bien faire? Comment faire pour bien faire dans les circonstances? 

Bien que les lois, politiques et normes puissent nous éclairer, que faire lorsque celles-ci entrent en conflit ou ne répondent pas tout à fait à nos attentes? Le droit et la déontologie sont nécessaires, certes, mais ces outils ne capturent pas toujours la dimension humaine et singulière qu'une situation vous posant un enjeu éthique englobe. Je salue les normatifs de ce monde qui tentent de tout prévoir et de tout réguler, mais j’ai bien peur que ce ne soit une quête sans fin.

On a besoin d’un complément à l’approche normative. Ce complément est l’éthique: la capacité à réfléchir à nos valeurs, à les hiérarchiser et à se mettre en action dans le sens qu’elles dictent (Durand, 2005).

Ainsi, si on me demande ce qu'est l'éthique, je vous répondrai que c'est plutôt une méthode de réflexion qui intègre les obligations et la dimension humaine qui habite chacun d'entre nous lorsque nous sommes confrontés à des décisions difficiles (Durand, 2005).

Sinon, si nous reprenons les paroles de Paul Ricoeur, l’éthique est : la visée de la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes (Ricoeur, 1990).

Le travail d'une consultante en éthique est de vous aider à naviguer ces inévitables zones de gris dans le but d'y voir plus clair et à prendre des décisions réellement alignées avec vos valeurs et vos priorités. En bref, l’éternelle question que je me pose dans mon travail est la suivante: quoi faire pour bien faire? (Ricoeur, 1990).

Références

Durand, Guy. « Vocabulaire préalable ». dans Introduction générale à la bioéthique: histoire, concepts et outils, Fides. Montréal: Les Editions Fides, 2005.

Ricoeur, Paul. « Neuvième Étude. Le soi et la sagesse pratique: la conviction ». dans Soi-même comme un autre, Seuils. Points Essais. Paris, France: Points, 1990.

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ça mange quoi en hiver, une consultante en éthique?